Texte extrait de "La France invisible"
"Expulsables"
"Sous la menace de l’expulsion, les sans-papiers vivent en France enfermés à l’intérieur des frontières : ils ne peuvent quitter le territoire, sauf à perdre leurs biens et leurs espoirs, ils se sentent en danger dès qu’ils sortent de chez eux, ils sont inconnus de l’administration mais en contact permanent avec elle, ils exercent des droits dont ils sont privés (comme travailler, manifester, ou déambuler), tandis qu’ils en ont d’autres (se soigner ou aller à l’école) difficiles à activer...
Qu’est-ce que l’Etat leur reproche ? D’être en situation irrégulière. Qu’en dit la société ? Elle les ignore ou les défend lorsqu’ils parviennent à l’émouvoir, comme cela a été le cas lors de la procédure de régularisation, à l’été 2006, de certaines familles ayant des enfants scolarisés.
Après des mobilisations importantes dès les années 1970, leur histoire collective a basculé à l’été 1996 avec l’occupation de l’église St-Bernard à Paris : en revendiquant une existence au plein jour, les sans-papiers s’imposent dans l’espace public. Jusque-là, ils n’étaient que des clandestins, un peu criminels, un peu délinquants, voués à vivre cachés aux yeux des pouvoirs publics qui avaient eux-mêmes contribué à les créer avec l’arrêt de l’immigration de travail en 1974. Depuis, la législation sur l’entrée et le séjour des étrangers en France n’a cessé de se durcir. Jusqu’aux deux lois Sarkozy de 2003 et 2006 qui, en limitant les possibilités d’être régularisé, fabriquent des sans-papiers, puisque rares sont ceux qui retournent chez eux. Combien sont-ils ? 200 000 à 400 000 selon le ministre de l’Intérieur. Hier clandestins, les étrangers en situation irrégulière sont aujourd’hui expulsables. Mais tant qu’ils restent invisibles et participent à l’activité économique du pays, ils ne dérangent pas. L’objectif du gouvernement est moins de les faire partir tous que de les fragiliser en faisant peser sur eux la menace du départ forcé. Clandestins, sans-papiers, expulsables : les politiques de droite comme de gauche ont, depuis trente ans, réduit cette population à une catégorie uniforme et à part."
Extrait de C. FOUTEAU, Expulsables in dir. S. BEAUD, J CONFAVREUX, J. LINDGAARD, La France invisible, Ed. La Découverte, 2006.
Que faire concrètement ?
Lorsqu’on est sans papiers, la priorité reste de rejoindre un collectif de sans-papiers. Sur paris il en existe plusieurs. Les personnes membres de ces collectifs connaissent les démarches à effectuer et accompagnent les nouveaux arrivés.
Voir également sur notre site l’article sur la constitution d’un dossier de régularisation.
Sites utiles :
Le quotidien des sans-papiers
Journal d’information en ligne sur les questions liées aux sans-papiers.
Le 9e collectif des sans-papiers
21 ter rue Voltaire 75011 Paris
Permanence le mardi entre 14h et 18h.
Coordonnées de plusieurs collectifs de sans-papiers
sans-papiers.fr
Actualité sur la situation des sans-papiers.
Informations sur les sans-papiers
Aggrégation de nombreuses informations sur la situation des sans-papiers.